Phsychologie/Philosophie - Education

Les écrans, un véritable risque au développement des enfants

Envahissants dans notre quotidien, les écrans impactent la santé et le développement des plus jeunes. Si l'usage excessif présente des risques physiques et psychologiques, un encadrement adéquat peut transformer ces outils numériques en opportunités d'apprentissage et d'épanouissement.

En quelques années, les technologies numériques, notamment les écrans, ont envahi notre quotidien, bouleversant les modes de vie. Les très jeunes enfants sont avec les tablettes tactiles d’une habileté qui étonne les adultes, les aînés sont scotchés à leurs consoles de jeux et les adolescents semblent gérer leur vie entière depuis leurs smartphones. Mais comment ces nouvelles technologies impactent-elles la santé physique, mentale et le développement des enfants particulièrement ?

D’abord, selon une étude réalisée sous l’égide de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) en septembre 2023 et publiée dans la revue Journal of Child Psychology and Psychiatry, le temps d’écran désigne le temps passé sur n’importe quel écran, y compris la télévision, les ordinateurs, les jeux vidéo et les appareils mobiles. C’est donc « le contexte dans lequel sont utilisés les écrans, le moment, et la manière dont les enfants les regardent et non seulement le temps d’écran qui joue sur leur développement ».

Selon des études récentes, le taux d’utilisation des appareils tactiles s’éleve à 60 % chez les enfants de moins de trois ans. Les enfants regardent la télévision environ 17,25 et 11 heures par semaine, ce qui est lié aux risques développementaux décrits progressivement. 

Les risques sur la santé physique

D’après une analyse effectuée en 2017, le temps d’écran est associé à une série d’indicateurs de santé. Il se trouve un lien entre la sédentarité causée par l’utilisation des écrans et l’indice de masse corporelle. La conjonction des deux peut alors entraîner une prise de poids dit le surpoids ou l’obésité chez les enfants. Une surconsommation d’écrans contribue à réduire le temps consacré aux activités physiques et peut naitre des comportements alimentaires malsains corrélés encourageant le grignotage.

L’usage excessif des écrans peut être également responsable des troubles musculosquelettiques, des troubles liés aux postures sédentaires dès l’enfance à cause de l’adoption d’une posture statique prolongée des bras, des épaules et du cou, ou des mouvements répétitifs des doigts. Ils sont inversement proportionnels aux habiletés motrices fondamentales et à la dextérité manuelle de l’enfant.

En plus, d’autres problèmes de santé physique sont aperçus chez l’enfant à cause des écrans comme la fatigue visuelle aboutissant aux problèmes visuels (la myopie, l’hypermétropie…). Et, les maux de tête, l’hypertension, le diabète, les problèmes cardiovasculaires qui sont esquissés à long terme.

En effet, les chercheurs font état d’un risque significatif sur le temps de sommeil réduit et la qualité altérée (manque de sommeil).

Les risques sur la santé mentale (psychosociaux)

Les compétences fondamentales interpersonnelles et intrapersonnelles, tel que la prise de parole en public, la collaboration, le leadership, l’adaptabilité, ... qui sont influencées par le temps d’écran chez l’enfant. Le risque de voir apparaître des problèmes émotionnels et une mauvaise estime de soi seraient considérablement accrus. Un déficit d’attention, de concentration, de gestion mentale, du traitement de l’information, de gestion des attitudes et des émotions peut résulter de l’excessivité du temps d’écran.

De même, les interactions directes et de qualité entre les parents et leurs enfants sont remplacés par les écrans. Ce qui entraîne une baisse de l’écoute conjointe aboutissant au stress environnemental. Ce manque d’interactions augmente la fréquence des comportements négatifs de l’enfant pour attirer l’attention. Et affecte la perte d’occasions d’apprentissage et de pratiques sociaux.

En effet, un changement de comportement chez l’enfant ou l’adolescent (changement d’humeur, agitation, forte fatigue diurne, isolement, harcèlement, acte sexuel...) peut être le signe d’un comportement « addictif » au numérique. Donc l’utilisation abusive des écrans à l’âge d’enfance amène à des crises de dépression, d’anxiété (sociale…), de colère, d’agressivité (surtout à cause des jeux vidéo), de violence (surtout la violence scolaire).

Les effets sur le développement global

« Les premières années de vie sont décisives pour le développement cognitif, mais aussi dans la mise en place des habitudes de vie, ajoute Jonathan Bernard, chercheur en épidémiologie et statistiques à l’Inserm. Lorsqu’un enfant utilise un écran excessivement, il le fait au détriment d’autres activités ou interactions sociales essentielles pour son développement. »

Une exposition précoce et prolongée aux écrans des très jeunes enfants est une distraction qui pourrait avoir des conséquences sur leur développement optimal, cognitif notamment sur leurs capacités d’attention et de concentration, leur motricité fine (mouvements précis qui sollicitent les petits muscles et notamment ceux de la main et des doigts) et leur autonomie, sur leur bien-être et leur équilibre et sur leur maturité scolaire : les aptitudes précoces de lecture et l’acquisition du langage, compétences sociales…

Ce temps passé devant les écrans empièterait en outre sur le temps consacré à d’autres activités récréatives (sport, jeu avec des amis…), qui sont essentielles et ont un impact positif reconnu sur le bien-être des enfants.

En effet, une récente étude canadienne fait état d’une association négative entre l’utilisation d’appareils mobiles et l’utilisation du langage expressif chez les enfants. Les enfants surexposés aux écrans ont plus de risques de souffrir d’un retard d’acquisition du langage oral et écrit que les autres et à de moins bons scores en vocabulaire et en grammaire.

L’étude menée par des chercheurs de l’Université de l’Alberta indique que les enfants âgés de 5 ans qui passent plus de 2 heures par jour devant un écran courent sept fois plus le risque d’avoir des symptômes associés au trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) que les enfants passant moins de 30 minutes par jour devant leur écran.

Quelques conseils à suivre

Voilà pourquoi l’exposition aux écrans doit être encadrée et accompagnée d’interdictions et de restrictions dès l’enfance afin de diminuer les risques qui y sont associés, selon les recommandations de la Société canadienne de pédiatrie.

Dans ce contexte, Serge Tisseron, psychiatre et membre du Conseil national du numérique en France, a conseillé la règle « 3-6-9-12 » : Avant 3 ans, pas de télévision ni DVD ; avant 6 ans, pas de console de jeu, préférer les jeux vidéo ou l’on joue à plusieurs ; avant 9 ans, pas d’Internet même accompagné, un temps d’écran soumis à des règles claires ; avant 12 ans (ou avant l’entrée au Collège), pas d’Internet seul, connexion nocturne et illimitée déconseillée.