Physique/Chimie - Transition écologique
Physique/Chimie - Transition écologique
Bioplastiques : défis et innovations d’une transition écologique
En plein essor, la production de bioplastiques a triplé en vingt ans, promettant de réduire notre dépendance au pétrole. Mais Sa croissance continue de faire face à des obstacles
Les bioplastiques sont des polymères produits à de biomasses renouvelables comme les plantes, les déchets agricoles, les graisses ou même les algues. Seule l’origine détermine l’utilisation de ce terme, un bioplastique peut très bien avoir la même structure moléculaire qu’un dérivé du pétrole.
Coulisses de la production
Pour fabriquer des bioplastiques, on utilise principalement de l'amidon et de la cellulose, qui sont des matières premières provenant de plantes comme le maïs, la canne à sucre, les pommes de terre, le bois, la paille et l'herbe. Ces plantes sont cultivées spécialement pour leur forte teneur en amidon ou en cellulose. Une fois récoltées, on extrait l'amidon et la cellulose par des processus simples comme le broyage et la décantation. Ensuite, l'amidon est transformé en acide lactique grâce à des bactéries. Cet acide lactique est ensuite utilisé pour fabriquer des polymères comme l'acide polylactique (PLA), qui est un bioplastique biodégradable. Quant à la cellulose, elle est dissoute dans de la soude et réagit avec un alcool pour produire un autre type de bioplastique appelé acétate de cellulose. En modifiant ces processus, on peut créer une variété de bioplastiques adaptés à différents usages industriels, et le tout sans avoir besoin de pétrole.
Des obstacles considérables
L'un des problèmes rencontrés est la concurrence pour l'utilisation des terres cultivables, entre l’agro-alimentaire et l’industrie des bioplastiques. Cette compétition entraîne, dépendamment de la région, un revirement des agriculteurs s’éloignant d’une production de nourriture exigeante et moins rentable. Cela crée ainsi un dilemme entre la sécurité alimentaire et la durabilité environnementale. Il faut alors une gestion des ressources pour éviter le rejet de la population des bioplastiques. Face à cela, de nouvelles ressources sont choisis comme les algues mais cela reste pour le moment à l’état d’expérimentation et à faible échelle.
La fin de vie de ces plastiques est un autre défi. Même si la part globale des bioplastiques est minime comparé aux pétro-plastiques, il existe déjà un nombre important de types de bioplastiques. Certains sont aisément recyclables comme le PLA, voire biodégradables, d’autres sont aussi néfastes que leurs équivalents pétroliers. De nouvelles catégories de plastiques sont également créées et complexifient davantage la filiale de recyclage.
Fake news et mal-informations
Les mots induisent en erreur. Un rappel s’impose : l’appellation « bioplastique » désigne un polymère fabriqué à partir de « biomasse », issue du vivant, excluant les énergies fossiles. Le caoutchouc naturel par exemple n’est pas un bioplastique car on en trouve dans la nature. Le terme « biodégradable » renvoie dans le sens usuel aux plastiques qui se décomposent ou sont décomposés par des micro-organismes assez rapidement selon le milieu de décomposition, même des dérivés du pétroles peuvent être biodégradables. Ce sont les deux informations les plus importantes.
Maintenant les points critiques. Les associations pointent du doigt plusieurs confusions. Selon eux, certains industriels s’adonnent à du greenwashing et appellent « bioplastiques » des produits qui ne devrait pas bénéficier de l’appellation comme les mélanges bioplastiques et pétro-plastiques, les bioplastiques auquel est ajouté des additifs nocifs. Certains ajoutent des termes trompeurs qui ne sont soumis à aucune norme comme « vert », « respectueux de l'environnement » ou « écologiques ».
Le mot « biodégradable » est utilisé à tort pour signifier que le produit est un bioplastique, ce qui peut ne pas être vrai, ou pour des plastiques qui ne sont pas biodégradables : biofragmentables. Ces plastiques se fragmentent en microplastiques mais ne se dégradent pas avant plusieurs années, polluant l'environnement. Mais même si un plastique est vraiment biodégradable, le terme ne garantit pas une élimination respectueuse de l’environnement. Si non indiqué, le plastique peut être soit composté dans un bac de jardin, soit doit être soumis à des conditions spécifiques de compostage. À moins d’avoir un système de collecte destiné ou un composteur industriel chez vous, ces plastiques risquent de finir dans la nature ou ils ne se décomposent pas.
Ces confusions nuisent aux producteurs de bioplastiques à cause de la concurrence déloyale et du manque de confiance des consommateurs. Pour y répondre, les gouvernements ont créé des normes et labels : indication du type de compostage, origine des plastiques et interdiction de certains plastiques mais la tromperie est encore de mise.
Une note positive
Malgré ces défis, le progrès des bioplastiques reste indéniable. La recherche ouvre la voie à des avancées significatives : technologies plus efficaces comme les micro-organismes, réduction des coûts et valorisation de nouvelles sources de matières premières. Un pas de plus vers une économie circulaire et durable qui ne se fera pas sans une gestion responsable des ressources, une planification de la fin de vie des produits et une implication du système décisionnel.